Retour sur la présence des Templiers dans la région à l’occasion de l’événement Biot & les Templiers ce week-end

L’événement Biot & les Templiers, ce week-end, offre l’occasion de se replonger sur la présence templière dans la région qui remonte au XIIIe siècle.

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ANDRÉ PEYREGNE magazine@nicematin.fr Publié le 06/04/2024 à 10:45, mis à jour le 06/04/2024 à 10:45
Biot & les Templiers. Photo Dylan Meiffret

Ils sont de retour. Ce week-end, l’événement Biot & les Templiers reprend ses quartiers dans le village. On entendra à nouveau le choc de leurs armes et le chant des troubadours, on croisera des croix rouges sur des manteaux blancs, on verra des lances, des casques et des heaumes. Ce sera la fête des Templiers. Leur présence à Biot, dans les Alpes-Maritimes, date d’il y a huit siècles.

Combien d’histoires, de légendes, de mystères leur sont attachés!

Leur existence en Europe remonte à 1118, lorsque le pape Urbain II demanda aux catholiques de s’armer pour se protéger des Turcs en allant vers les lieux saints à Jérusalem. Ils se constituèrent autour du chevalier Hugues de Payns en ordre des "Pauvres Chevaliers du Christ" et, s’étant vu attribuer par le roi Baudoin II de Jérusalem le Temple de Salomon, ils devinrent l’Ordre des Templiers.

Ayant étendu leur domaine d’action, ils créèrent jusqu’à neuf mille commanderies dont trois mille se trouvaient en France, et vingt-neuf en Provence.

Les commanderies principales dans le Var et les Alpes-Maritimes furent celles de Hyères, Vidauban, Montfort-sur-Argens, Flassans, Toulon, Régusse, Le Broc, Rigaud, Nice, Vence et Biot.

Une présence à Biot actée en 1209

Leur présence à Biot fut actée en 1209, lors de la donation que leur fit d’une partie des terres biotoises le comte Alphonse II de Provence. Le document original a été récupéré il y a un an par la Ville de Biot. Biot était, pour les Templiers, un port qui leur servait de relais entre Gênes et la Ligurie et Hyères, Toulon et Marseille.

Installés dans le château de Biot en 1233, les Templiers agrandirent leur territoire jusqu’en 1260.

Leur volonté expansionniste ne fut pas du goût de leurs voisins. Ainsi, comme le rapporte l’historien Edmond Rossi (1) dans son ouvrage "Les Templiers dans les Alpes-Maritimes" (Éditions Campanile), les Antibois organisèrent le 26 décembre 1286 une expédition punitive. Ils s’emparèrent de plusieurs têtes de bétail. La Cour de Grasse dut intervenir. Peu après, ce sont les Villeneuvois qui ravissent aux Biotois une ânesse et deux bœufs. Le juge de Grasse doit à nouveau sanctionner. Les ravisseurs ne restituent que les bœufs.

Reste l’ânesse! Les Biotois sont prêts à tout pour la récupérer. Une expédition punitive se prépare. On fourbit les armes. Cette fois-ci, le juge de Nice intervient avant que la guerre ne se déclare. Mais l’affaire du rapt de l’ânesse n’en reste pas là. Peu après, ce ne sont plus des animaux mais des hommes que capturent les Villeneuvois. La force publique est envoyée. Biot a le dernier mot.

Biot accroît son importance et ne tarde pas à être chargée de l’administration des biens des Templiers de Vence, du Broc, de Villeneuve-Loubet, Tourrettes-sur-Loup, La Gaude, Coursegoules et Saint-Paul. Biot devient l’une des plus importantes commanderies de Provence orientale.

1307: la chute des Templiers

Un important haras existait à l’époque des Templiers à Biot. On élevait de grands troupeaux de bœufs, de vaches, de chèvres et de moutons. Le domaine de Biot arriva à fournir annuellement 35 tonnes de blé, plus de 10 tonnes d’orge et autant d’avoine, et 5.000 litres de vin.

Les Biotois faisaient régner l’ordre dans la société. Au début du XIVe siècle, il était défendu de recevoir dans le village des "femmes pécheresses" au-delà d’une nuit, sous peine que celle-ci ne soit mise à nu et que son hôte ne soit condamné à une amende de... cinq sous! Ces règlements étaient énoncés à haute voix par un employé municipal aux principaux carrefours. On ne badinait pas avec "la morale". Les lois morales ne s’appliquaient pas qu’à Biot, bien sûr.

La fin des Templiers

En 1307, sous le pontificat de Clément V, ce fut la fin des Templiers.

En France, ils furent accusés d’hérésie et de corruption par le roi Philippe le Bel. Les Templiers de Biot furent arrêtés sur l’ordre du comte de Provence, Charles II le Boiteux, et emprisonnés à Perthuis.

Le 11 mars 1314 eut lieu à Paris l’événement qui marqua leur fin: l’exécution de leur grand maître Jacques de Molay. Il fut condamné au bûcher. Il demanda de pouvoir tourner son visage vers Notre-Dame de Paris pour prier. Il lança son fameux anathème contre les rois de France: "Vous serez maudits jusqu’à la treizième génération!"

La fin tragique des Templiers a généré des légendes: leur quête du Graal, l’existence d’un trésor. On ne l’a toujours pas trouvé. Ni à Biot ni ailleurs.

À Biot, les bâtiments des Templiers furent saisis et connurent différentes attributions au fil des siècles. La chapelle des Pénitents-Blancs a été construite sur les vestiges de l’ancienne commanderie.

Grâce aux Templiers, Biot a vécu des heures glorieuses dont on se souvient aujourd’hui.

> Biot & les Templiers. Samedi 6 et dimanche 7 avril: Marché médiéval, campements, tavernes, ateliers, conférences par des spécialistes des Templiers, combats médiévaux, démonstrations équestres, de fauconnerie, d’archer. Samedi soir: bal et défilé aux flambeaux.

1. L’historien niçois Edmond Rossi, passionné par le passé de notre région, a publié de nombreux ouvrages comme "Les Aventures du Diable en Pays d’Azur", "Les Histoires et Légendes des Balcons d’Azur"... (Éditions Campanile).

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